Entretien avec Jean-Claude Yon : Histoires littéraires, n° 85, 2021

Histoires littéraires, n° 85, 2021.
Le nouveau numéro d’Histoires littéraires propose un entretien inédit de vingt pages avec Jean-Claude Yon sur le rapport entre lettres et histoire, les arts du spectacle, l’université et aussi la SERD. Nous en reproduisons un extrait :
HL – Vous devenez ainsi le premier historien, en quelque sorte le premier « non littéraire » à la tête de la SERD : avez-vous le sentiment, venant d’un autre domaine que le littéraire, d’être pour cette raison « au-dessus des partis » (…) ?
Jean-Claude Yon – Avant tout, je suis très honoré qu’on m’ait proposé de devenir président de la SERD. Comme vous l’aurez compris, toutes les choses importantes de ma vie sont des choses qu’on m’a proposées, et je me suis laissé guider. En effet, je suis le premier président historien, car malgré mon attirance pour les lettres, je ne me définirai jamais comme un littéraire ; j’ai trop de respect pour cela. Historiens et littéraires ont des méthodes et des états d’esprit différents et j’apprends beaucoup au contact des littéraires. Au tout début de ma carrière s’était posée la question d’adhérer soit à la Société de la révolution de 1848 et des révolutions du XIXe siècle soit à la SERD ; et j’ai fait ce choix d’emblée, peut-être à cause de cette fascination pour le monde littéraire. Cela m’a énormément appris. (…) Aussi cette présidence arrive, non pas comme une conclusion car j’espère que ce n’est pas la conclusion, mais assez naturellement. Cela faisait un certain temps que José-Luis Diaz (alors président de la SERD) me demandait si la présidence m’intéressait, mais c’était impossible tant que j’étais directeur de laboratoire à l’université. Voilà précisément le type de liberté qu’offre le poste à l’EPHE. Certes, il faut absolument que la Société des études romantiques et dix-neuviémistes reste une société littéraire (elle est notamment consultée pour les programmes d’agrégation). Mais la composition du conseil d’administration le montre bien : plusieurs disciplines sont représentées (histoire de l’art, musicologie…), plusieurs historiens y jouent un rôle important, comme Jean-Claude Caron. Quant à moi, tant par ma façon de travailler que par mes objets d’étude, je suis historien, mais ce n’est pas forcément seulement ainsi que je me définis : par exemple, à l’EPHE, j’appartiens à la IVe Section, celle des Sciences historiques et philologiques, qui regroupe des chercheurs appartenant à une multitude de disciplines. À cet égard, la SERD est en cohérence parfaite avec ma façon d’être. Pour répondre plus précisément à votre expression, « être au-dessus des partis » serait un positionnement peut-être audacieux : je me vois plutôt comme un président dont le rôle est de permettre à chacun de faire entendre sa voix. La SERD propose déjà une grande variété de manifestations, avec des points de vue différents, notamment dans ses Congrès, et à ma modeste échelle, je symbolise une évolution évidente. Après moi, il y aura peut-être un président musicologue ou historien d’art. Aussi bien la SERD se définit-elle avant tout par sa période, son objet d’étude qui est le XIXe siècle dans son ensemble. (…)
Extrait d’Histoires littéraires, n° 85, 2021.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Romain Enriquez (12 mai 2021). Entretien avec Jean-Claude Yon : Histoires littéraires, n° 85, 2021. Société des études romantiques et dix-neuviémistes. Consulté le 20 avril 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/u0dt