Paula Fayos-Pérez, Goya’s Caprichos in Nineteenth-Century France. Politics of the Grotesque
Paula Fayos-Pérez, Goya’s Caprichos in Nineteenth-Century France. Politics of the Grotesque
Madrid, Centro de Estudios Europa Hispánica (CEEH), 2024.
L’impact de l’œuvre de Goya, et en particulier des Caprichos (1799), sur l’art français du XIXe siècle a été immense, durable et multiforme. Alors qu’en Espagne, Goya est associé à son travail de peintre de cour, en France, il est connu comme l’auteur des Caprichos, interprétés par les romantiques comme une critique de l’Espagne de la fin du dix-huitième siècle. Cette vision néglige le fait que la véritable modernité de l’œuvre de Goya réside dans son universalisme, en tant que miroir reflétant l’essence de l’humanité, sans être entravé par le patriotisme – cela est également vrai pour ses monstres et ses sorcières, qui ne sont rien d’autre que le reflet déformé de l’homme. On peut dire que cette influence s’est exercée dans les deux sens : Goya a contribué à façonner l’art romantique français – et donc le début de l’art moderne – et les romantiques ont à leur tour modelé son image critique. Cette étude remet en question l’interprétation établie de l’artiste espagnol qui a dominé les recherches jusqu’à récemment, basée sur des stéréotypes romantiques, dont beaucoup se sont perpétués jusqu’à aujourd’hui. Goya s’est fait connaître sur le marché français, principal récepteur de son œuvre, grâce à son œuvre graphique. Celle-ci a été promue par des artistes, des critiques et des collectionneurs tels que Charles Yriarte, Paul Lefort et Eugène Piot, la plupart d’entre eux en association avec l’artiste et marchand espagnol Valentín Carderera. L’influence de Goya peut être divisée en deux grandes catégories : esthétique et politique. D’une part, les artistes du Romantisme noir – qui se concentrent sur le goût du grotesque et la vision littéraire de l’Espagne – voient en Goya le dernier représentant de l’École espagnole. D’autre part, l’impact politique de son œuvre peut être apprécié dans les estampes satiriques produites par des artistes comme Honoré Daumier et J. J. Grandville, qui le considèrent comme un caricaturiste politiquement engagé, luttant contre la censure et se moquant de l’aristocratie et du clergé. Le cas d’Eugène Delacroix offre l’exemple le plus riche de l’impact de Goya sur l’art français du XIXe siècle, ici étayé par un catalogue de quarante de ses copies d’après les Caprichos, dont certaines inédites.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Aude Jeannerod (3 octobre 2024). Paula Fayos-Pérez, Goya’s Caprichos in Nineteenth-Century France. Politics of the Grotesque. Société des études romantiques et dix-neuviémistes. Consulté le 20 avril 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/12f5j