Les Romans d’avant-garde à l’âge d’or de la presse symboliste en France (1885-1905), 28 janvier 2023, Bibliothèque Seebacher

Les Romans d’avant-garde à l’âge d’or de la presse symboliste en France (1885-1905)

Atelier de la SERD

Samedi 28 janvier 2023

9h45-13h

Bibliothèque Seebacher

Campus des Grands Moulins, 9, rue Thomas Mann, 75013 Paris

 

 

Le présent atelier a pour objectif d’exposer le travail déjà effectué pour réaliser un livre collectif que nous préparons actuellement, Les Romans d’avant-garde à l’âge d’or de la presse symboliste en France (1885-1905).

Ce livre vise à réexaminer de manière synthétique une série de romans qualifiés d’avant-gardes qui occupent une place assez marginale dans le champ romanesque de la Belle-Époque, et dont les auteurs centraux se situent dans les groupes des Décadents et des Symbolistes. S’il existe déjà de multiples études consacrées aux romans décadents, le roman symboliste n’a pas fait l’objet d’une attention soutenue avant le début du XXI^e siècle.

L’histoire littéraire du modernisme n’a accordé qu’une position mineure à ces romanciers parmi toutes les écoles romanesques du XIX^e siècle. D’une part, parce qu’on a réduit le symbolisme à un mouvement poétique, où le genre narratif est censé être secondaire. D’autre part, parce qu’on a privilégié les approches thématiques, qui ont certes contribué à tirer au clair certains choix esthétiques partagés à la fin du siècle, mais sans révéler de véritables collectivités d’écrivains.

L’enjeu central de notre projet, qui le distingue des recherches antérieures, consiste à étudier les romans symbolico-décadents dans leurs rapports avec les périodiques fin-de-siècle, enjeu qui invite à ne plus concevoir les œuvres littéraires comme produits du « génie » individuel, mais d’un travail collaboratif au sein d’institutions littéraires. On assiste en effet, au milieu des années 1880, à la naissance d’une série de revues d’avant-garde qui fonctionnent en réseau.

  Notre livre se compose de trois parties : la première est consacrée à une réflexion sur le système socio-historique du roman, la deuxième à l’invention générique et la troisième à l’invention formelle, stylistique et narrative.

La dernière décennie du XIX^e siècle constitue la période la plus importante pour notre étude. Mais dès les années 1880, certaines maisons d’édition d’avant-garde avaient déjà vu le jour, comme Léon Vanier et Edmond Bailly parmi les éditeurs pionniers. On a rarement étudié les rapports des romanciers fin-de-siècle avec leurs éditeurs. C’est au début des années 1890 que les revues avant-gardistes, telles que le Mercure de France, La Revue blanche et La Plume ou encore L’Ermitage, créent leurs propres maisons d’édition et collections artistiques.

Dans la première partie, le système éditorial de ces maisons, le marché du roman d’avant-garde et ses lecteurs serons envisagés, à la lumière de correspondances inédites. La deuxième partie examinera la naissance du genre symboliste dans le champ romanesque des années 1880 et son développement durant les années 1890, jusqu’à l’émergence de « l’autofiction » symboliste, genre très en vogue à l’époque. La troisième partie analysera la critique du roman publiée dans les revues.

Yosuké Goda

 

 

Programme

9h45 : Accueil et ouverture

 

10h : Yosuké Goda, « Le groupe du Symboliste et ses activités dans le champ romanesque »

Né du petit salon de Robert Caze, le groupe autour du périodique Le Symboliste occupe une place à part autant dans la presse symboliste que dans le nouveau roman venant de naître à l’époque. Jean Moréas de Lutèce, Félix Fénéon de La Revue indépendante, Paul Adam du Carcan et Gustave Kahn de La Vogue se sont réunis autour de ce journal très éphémère pour développer leurs activités avec l’aide d’éditeurs d’avant-garde, qui visent une reconfiguration du champ littéraire à travers la publication d’ouvrages collectifs.

 

10h30 : Franck Javourez, « Le Roman entre symbolisme et décadence »

  Le mouvement symboliste s’est construit en réaction à la production romanesque de l’époque et valorise la poésie en vers et les contes en prose. Son influence, à la fois formelle et thématique, a pourtant été déterminante pour l’écriture de nombreux romans, hors du champ réaliste traditionnel. De nombreux exemples tâcheront de venir à bout de cet apparent paradoxe.

 

  11h : Vincent Gogibu, « Le Mercure de France, vers l’avenir et au-delà »

Nous présentons la revue le Mercure de France, sa formation puis sa constitution en société anonyme en 1894 permettant d’évoluer en comptoir d’édition. Porté par une administration rigoureuse et audacieuse, le Mercure de France dépasse sa condition de périodique et devient un véritable outil de diffusion et de connaissance des littératures nouvelles, en France comme à l’étranger.

 

11h30 : Pause

 

11h45 : Alexia Kalantzis, « Les éditions du Mercure de France : traduction et circulation »

La diffusion du symbolisme s’ouvre en effet sur l’Europe, en partie grâce à l’action du Mercure de France, au sein de la revue, mais aussi des éditions, avec la création de collections spécifiquement dédiées à une zone géographique et un important réseau de traducteurs et de passeurs. Le mouvement de traduction fonctionne dans les deux sens, ce qui montre la dynamique européenne du mouvement.

 

12h15 : Julien Schuh, « L’institutionnalisation des éditions de revues d’avant-garde »

En quelques années, les « petites revues » comme le Mercure de France ou La Revue blanche se transforment en maisons d’édition professionnelles, dirigées par des personnalités qui ne se destinaient pas au commerce de livre. Comment s’est opérée cette transition ? Quelles stratégies diverses ont été élaborées par ces entreprises pour devenir des éditeurs légitimes dans le champ éditorial de l’époque ? On observera autant les parcours de certaines figures exemplaires que les formes d’organisation de ces maisons d’édition (structures, comités de lecture, collections). 

 

12h45 : Discussion

 

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